samedi 10 novembre 2012

EMDR, une approche thérapeutique dans le traitement des SSPT (syndrome de stress post-traumatique)

Le sigle EMDR provient de l'expression Eye Movement Desensitization and Reprocessing, que l'on pourrait traduire littéralement par « désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires ». Toutefois, l'appellation française officielle est intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires – bien que l'on s'en tienne généralement à EMDR. Mise au point à la fin des années 1980, l'approche de l’EMDR s'est surtout fait connaître pour le traitement des personnes ayant subi de très graves traumatismes et souffrant du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), appelé aussi état de stress post-traumatique (ESPT). Grâce au processus neurologique mis en marche, cette approche semble stimuler le cerveau pour qu'il « métabolise » ou « digère » les résidus dysfonctionnels du passé. À la suite de cela, les souvenirs traumatisants perdraient leur charge affective négative, ce qui mettrait fin à la souffrance et aux réactions néfastes (crises de panique, peurs incontrôlées, anxiété, compensations de toutes sortes, etc.). Plus récemment, les applications de l'EMDR se sont étendues à différents problèmes d'ordre psychique, comme les phobies et la dépression – inspirées dans ce cas par la théorie généralement admise voulant qu'un grand nombre de problèmes personnels découlent d'expériences difficiles vécues dans l'enfance. Toutefois, l'EMDR fonctionnerait mieux avec des patients souffrant d'un seul traumatisme bien cerné ou d'une phobie bien précise, plutôt que d’un trouble plus diffus1. « Il se peut que l'EMDR soit plus efficace dans le traitement des troubles liés au stress qui suit une expérience traumatique (par exemple, la phobie des chiens après une morsure), et moins efficace pour ceux dont le point de départ est inconnu (par exemple, phobie des serpents depuis la naissance) », affirme, à ce propos, le Dr David Servan-Schreiber2. Une technique apparemment très simple L'EMDR est une thérapie brève qui suit une procédure rigoureuse pouvant avoir lieu à l'intérieur de quelques rencontres. Bien que la thérapie ait recours à des pratiques psychothérapeutiques classiques, sa caractéristique est l'utilisation de la stimulation double (dual attention stimulation). Tandis que le sujet replonge intensément dans ses émotions stressantes, le thérapeute interrompt périodiquement l'expérience pour provoquer une stimulation sensorielle, comme déplacer rapidement ses doigts devant le visage de la personne. Cette dernière doit alors les suivre des yeux tout en gardant la tête fixe. Le mouvement rythmique des deux yeux serait équivalent à celui qui a lieu spontanément pendant les rêves (la phase de sommeil dite rapid eye movement ou REM). Cette stimulation se répercuterait de manière complexe dans le cerveau, plus précisément dans sa partie la plus ancienne (dans l'évolution humaine) qu'on appelle cerveau limbique ou cerveau émotionnel. Les thérapeutes disent que, grâce à ces simples procédés, les images, les perceptions et les souvenirs qui étaient codés négativement dans le cerveau émotionnel sont littéralement « recodés » et perdent de leur intensité. Comme si, graduellement, les éléments néfastes étaient « délestés » du système pour être remplacés par des éléments bienveillants. Pour utiliser une autre image, c'est comme si l’on procédait au démontage d'une structure cognitive rigide (les souvenirs et les affects qui leur sont rattachés), pour remonter les éléments dans une association souple et inoffensive. Normalement, ce processus se produit de façon naturelle et spontanée, ce qui fait que la plupart de nos traumatismes nous laissent peu de traces débilitantes. Mais il arrive que cela ne fonctionne pas à cause de toutes sortes de circonstances (force du traumatisme, sensibilité particulière, période de vulnérabilité physique ou émotionnelle, etc.). On est alors aux prises avec toutes sortes de séquelles. C’est là que l’EMDR entrerait en jeu. Globalement, l’EMDR vise à engendrer des sentiments positifs, à faciliter la prise de conscience et à modifier les croyances et les comportements3. L’accent est mis à la fois sur les composantes affectives, cognitives et somatiques de l’expérience traumatisante. Selon les auteurs d’une étude explorant la biologie des traumatismes4, l’originalité de l’EMDR reposerait sur l’association efficace d’une approche centrée sur le corps (mode de réponse aux stimuli et aux sensations) et d’un traitement cognitivo-behavioral (centré sur les pensées et les comportements).

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